Bio
Piano, violon, melodica & composition.
Jean-Claude Guerre débute le piano tout petit, et le violon un peu plus tard.
Il entre à 12 ans au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, dont il sera l’un des plus jeunes médaillé : solfège spécialisé, harmonie, contrepoint.
D’avoir été si précoce, il envoie tout balader à 18 ans, et vit de multiples expériences professionnelles.
Mais la musique revient sans cesse, comme passage de la solitude à la joie, musique qui met des mois à mûrir, pour jaillir quelques minutes seulement, puis s’enfuir souverainement. Et musique qui s’impose définitivement. Dès lors, il développe son propre langage, teinté de jazz, bercé de classique et parcouru d’improvisations.
Directeur Artistique de la Compagnie musicale Lézards Dorés, Jean-Claude Guerre crée de nombreux spectacles où ses compositions musicales rencontrent d’autres disciplines artistiques : cinéma, marionnette, danse, conte, magie, peinture…
En 2005, il fonde le Festival En Grangeons la Musique, en milieu rural dans le Bugey (01), pour lequel il se révèle un programmateur inventif.
Chronique
Il fait partie de ces enfants dits « prodiges ».
Piano à 6 ans : jusque là, rien que de très normal. Violon à 10 ans : ça se complique, ce sont les deux instruments qui demandent le plus de temps de travail.
Marguerite Chattenet, élève de la grande pianiste pédagogue Marguerite Long repère ses dispositions. Ne se contentant pas de l’éduquer au piano, elle l’oriente sur le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
Entré à 12 ans en classe de Solfège Spécialisé dont il sera l’un des plus jeune médaillé (cours de Jacqueline Lequien), il s’attaque l’année suivante aux classes d’écriture : harmonie chez Roger Boutry, puis contrepoint chez Jean-Claude Henry. Franchissant allègrement les étapes au moyen de quelques mises en loge*, il aura 18 ans en fin de 2d cycle : la moyenne d’âge tourne autour des 25 ans !
Habitant une modeste ville d’Auvergne, il fait chaque semaine l’aller retour en train pour Paris, tout en suivant une scolarité par correspondance, en série C (actuellement on dirait Bac S) : ça devient très compliqué.
On comprendra que la musique est inscrite dans sa chair : une scolarité de par soi-même, en circuit totalement clos, sans copains ni copines, un décalage d’âge énorme au Conservatoire et, très jeune, des journées de travail à l’amplitude horaire démesurée.
Résultat des courses : dès ses prix d’harmonie et de contrepoint obtenus, il envoie tout balader pour fuir ce satané conservatoire.
Tout ça lui laissera une très grande capacité de travail et de concentration, en plus de quelques marques indélébiles.
S’en suivra, selon l’expression consacrée, une longue période d’instabilité professionnelle : il travaille sur des chantiers, fait des cueillettes de fruit, s’exerce à l’éducation spécialisée et à la direction de centres de vacances, puis s’épanouit ardemment dans le monde de l’intérim. Etc, etc, on ne vous dit pas tout.
Durant cette période, le piano reste plus ou moins présent, on pourrait parler de cycles : tantôt délaissé, tantôt désiré, tantôt pratiqué.
Quant au violon, après une expérience déconcertante à l’Orchestre du Grand Opéra de Tours, il fut remisé 7 ans dans sa boite.
Mais la musique est têtue : restée ténue dans l’ombre, elle revient se manifester avec insistance. Vers la trentaine, il rouvre la boîte à violon, gratte quelques cordes, et le sortilège reprend.
Il passe en 1 an son DEM de violon à l’Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne* (qui acceptait les élèves adultes, qu’elle en soit ici éternellement remerciée).
Le Conservatoire National de Région de Lyon* l’accueille à bras ouverts du fait de ces diplômes, et lui propose très rapidement des cours. En quelques mois, le voici professeur de formation musicale, de piano, de violon, d’accompagnement au piano, chargé des ensembles instrumentaux…, tant au CNR que dans différentes écoles de la région lyonnaise. L’école de musique de Miribel lui propose même une titularisation, qu’il refuse (quelle idée !)
Tout en cachetonnant* au violon comme on dit dans le jargon : orchestre de chambre Lyonnais (aujourd’hui dénommé orchestre symphonique Confluences), orchestre de chambre de Grenoble (devenu Les Musiciens du Louvre), orchestre régional d’Auvergne, Synaxis, orchestre Jean-Philippe Dubor et autre Sinfonia.
Il fonde Déraisonnance, duo concertant et déconcertant, avec le grand, le très grand accordéoniste Bruno Teruel (musiques d’Europe de l’Est, tangos d’Astor Piazzolla & créations).
Parallèlement il développe au piano une activité de création et d’accompagnement de chanteurs : Jean-Marc Le Bihan, Fabienne Eustratiades, Denis Lecarme (ex chanteur de l’Orchestre de poche), Ilyès (chanteur algérien dont il organise les premiers concerts en France et avec lequel il enregistre un CD produit par le Centre de Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes).
Il rencontre des musiciens et joue dans la rue, à la recherche d’un autre rapport au public : tantôt seul, tantôt en duo avec le violoniste Philippe Arestan (Le Quatuor Vagabond). La rue, ça ne fait pas de cadeau, et c’est très formateur. Les premiers frimas de l’hiver arrivant, les 2 comparses se réfugient dans les pubs de la fameuse Croix Rousse à Lyon. Ainsi naîtra le groupe Itinérance.
En 1998, il largue les amarres : fini le professorat, fini l’orchestre symphonique, vive la création et bravo au statut d’intermittent du spectacle !
Le siècle naissant le verra s’aventurer sur les chemins du solo avec “Intime errance”, odyssée solitaire pour un piano et un violon.
Etape importante : c’est après son 1er concert solo composé uniquement de ses créations qu’il pourra se dire : « la boucle est bouclée ». Quel long chemin pour cette réconciliation avec la musique…
Viendront ensuite "Musiques pour Buster", ciné concert sur 3 courts métrages de Buster Keaton accompagnés en direct au piano
"Octave et son Domisil'adoré", spectacle drôle et poétique pour une marionnette et un pianiste Concert’eau, alliance de musiques Eaudacieuses et de contes sur le thème de l’Eau
Arboésie, Terre des Ancêtres, pour danse et piano…
Sans oublier des projets artistiques en écoles de musique et en milieu scolaire, écoles primaires ou lycées professionnels.
Pour que le panorama soit complet, il lui fallait encore créer le festival En Grangeons la Musique : chose faite en 2005, et conséquence d’une rencontre entre gens de la ville et gens de la vigne, entre un groupe de musiciens : Itinérance et une équipe de vignerons du Bugey. Moment mémorable qui eut lieu dans un grangeon de Montagnieu, et début d’une nouvelle aventure qui se déroule désormais chaque année dans 22 communes du Sud de l’Ain, durant les 3 jours du week-end de Pentecôte. Même que, depuis 2014, l’amplitude a augmenté : 9 jours, du week-end de l’Ascension au week-end de Pentecôte, un grand pont musical, en somme !
* Mise en loge : enfermement du sujet dans un espace de quelques m2, sans aucun contact avec l’extérieur, pour la réalisation d’une composition musicale sur un thème donné. Durée habituelle : de 7h à 23h.
* Appellation de l’époque XXème siècle. Il s’agit maintenant d’un CRD, conservatoire à rayonnement départemental
* Là encore, appellation passée de mode. On parle désormais de CRR, conservatoire à rayonnement régional.
* Cachetonner : se dit du musicien qui court le cachet, allant d’orchestre en orchestre pour apporter sa contribution d’instrumentiste. Un cachet correspond à une répétition ou à un concert.